Bonjour à vous, pour la première fois, je m’apprête à exprimer complètement quelques années de calvaire..
Je suis une jeune femme de 24 ans. J’ai été en couple avec un homme de mon âge.
Nous nous sommes rencontrés bêtement, par le biais d’amis en commun, il y a 3 ans. Au début c’était l’homme idéal. Étant encore dans mes études, je vivais chez mes parents à ce moment là. J’ai toujours été très famille, très proche de mes frères. C’est un symbole important pour moi.
Quand j’ai rencontré cette personne (que j’appellerai H), j’ai mis du temps à passer aux présentations. Je voulais être sûre avant de le faire entrer dans la famille. Pendant cette période de découverte c’était génial. Lui, n’avait pas du tout le même schéma familial, aucune proximité. Lorsqu’il a rencontré ma famille, c’était super aussi. Il a conquis le cœur de tout le monde, en plus d’avoir déjà conquis le miens. J’étais amoureuse, pour la première fois de ma vie. Quelques mois plus tard, on a décidé d’emménager ensemble, j’étais prête, enfin c’est ce que je croyais. Mais j’étais aveugle surtout. Depuis toujours, j’ai un compte épargne bien rempli, puis je travaillais en parallèle de mes études. Quand on a pris l’appartement, il m’a demandé de m’inscrire seule sur le bail, il me disait ne pas avoir d’argent. J’ai accepté, naïvement.. J’étais le genre de personne à profiter de la vie, partir en vacances, les restos entre copine. Mais quand on a emménagé ensemble, tout ça s’est arrêté, brutalement. J’étais complètement sous emprise..
J’ai mis du temps à m’en rendre compte.. Mes ami.e.s ne me parlaient plus, mes frères et mes parents non plus. Sauf pour aller à la fac, je ne sortais plus.
Il m’interdisait de me maquiller, de mettre des robes, même de mettre des pantalons slim, j’étais devenue une épave. Il cachait mon lisseur, fouillait mon téléphone. Je payais les factures seule, les courses, mais aussi son essence et son forfait téléphonique. Il vivait avec moi, et ça complètement gratuitement..
J’avais une vie sociale qui frôlait le néant. Il sortait tout le temps, lui, et quand il partait, il m’enfermait dans l’appartement.
Au début, c’était de la violence psychologique et verbale. Il m’insultait, puis il regrettait, il était doux. Je suis tombée..
Ensuite, il voulait qu’on ait un enfant, sauf que je ne me sentais pas prête.. alors il a caché ma pilule et m’interdisais de me rendre à la pharmacie..
Il me suivait, quand j’allais à la fac, ou en course, et dès qu’un homme posait son regard sur moi, c’était un drame.
J’étais condamnée.. puis la violence physique est arrivée, des coups de tête, des bousculades.. c’est jamais allé plus loin que ça, mais c’était déjà beaucoup.
Puis un jour, un jeudi, je m’en souviendrai toute ma vie, peu de temps avant mes 24 ans, je suis rentrée chez moi. A mon retour de la fac, il avait vidé la totalité de l’appartement, tous ce que j’avais payé, de ma poche..
A ce moment là, seule, au milieu d’une pièce vide, vide de meuble, vide d’espoir, j’ai compris.. Seule, j’ai porté plainte, mais j’ai porté plainte que pour le vol.. Naïve, j’avais peur de lui faire du mal en racontant tout, j’ai passé des heures et des heures en auditions, ça a duré 1 semaine.. les forces de l’ordre on vu clair, tout de suite, j’ai vu des psychologues, des psychiatres, puis il y a eu un jugement immédiat. Beaucoup de preuves, des textos, des photos, des témoignages de voisins, d’amis, de ma famille m’ont permis de retrouvé ma liberté. Je ne voulais pas porter plainte pour la violence et ces années de calvaire, alors le procureur l’a fait. J’ai été reconnu femme victime de violences et lui reconnu coupable.
Aujourd’hui j’essaie d’avancer, avec un sac lourd sur mes épaules, des économies parties en fumées avec la confiance et l’estime que j’avais en moi..
Je vous souhaite à tous et toutes d’avancer, mais surtout je souhaite que ça n’arrive plus jamais.
Merci Sarah pour ce forum, je n’arrivais toujours pas à mettre des mots sur mes maux, malgré mes séances chez la psy 1x par semaine.. @